Créée en décembre 2021, la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières-CRIEF pourrait dans les jours à venir, être transformée en Tribunal d’instance relevant du ressort de la Cour d’appel de Conakry. C’est du moins ce que nous apprenons de l’avant-projet de loi que le Ministre Charles Wright entend défendre devant les Conseillers du CNT.
De juridiction spéciale et indépendante, la CRIEF mise en place dans le cadre de la lutte contre le détournement de deniers publics, pourrait dans les jours, semaines ou mois à venir, être transformée en Tribunal. Cette ambition du ministre de la justice n’attend que le vote du CNT et l’approbation du président de la transition pour être effective.
Pourtant, dans les autres pays, les juridictions à l’image desquelles la CRIEF a été instituée par les autorités de la transition, jouissent de la plénitude de leur indépendance et de la spécificité de leurs missions.
Il suffit de lire par exemple, l’ordonnance portant création de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme du Bénin, la loi n° 1981/54 du 10 juillet créant une Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (CREI) du Sénégal.
Par ailleurs, des interrogations font sur le bien-fondé de la motivation du ministre à vouloir placer la CRIEF sous l’autorité de la Cour d’appel. Dans le milieu judiciaire, certains partent de l’hypothèse que Charles Wright désire avoir une mainmise sur ladite juridiction, en ce sens que le Procureur général et le Premier président de la Cour d’appel, tous du même nom, sont ses »très proches » en dehors même du milieu professionnel.
Pour d’autres, il y a bien de raison pour le garde des sceaux de vouloir changer le statut de la CRIEF de Cour spéciale en Tribunal ordinaire mais travaillant exclusivement que sur des crimes financiers. Ces derniers affirment que le garde des sceaux vise par ce procédé, à faire passer au plus vite et donner écho à ses différentes injonctions. Cela par l’entremise du de son »ami » le Procureur général et de son »grand » le premier Président de la Cour d’appel, qui une fois que la CRIEF va être érigée en Tribunal, auront sous leur contrôle le procureur spécial et le président de ladite juridiction.
Cependant, d’aucuns estiment que ce projet d’érection de la CRIEF en Tribunal, émane de la volonté des militaires au pouvoir, d’abord, pour enlever dans la tête des magistrats qui s’y trouvent, leur totale indépendance ; et d’avoir le contrôle effectif des décisions de justice concernant les anciens dignitaires pour décider de qui d’entre eux vont rester en prison ou rentrer à la maison.
La Rédaction