Le président de la république Pr. Alpha Condé, s’est adressé au peuple de guinée mercredi soir sur les antennes des médias d’Etat. Dans son allocution, le chef de l’Etat a touché plusieurs aspects de l’actualité nationale du pays. Cette sortie du Président Condé, est diversement cernée au sein de la classe politique. Faya Millimono pour sa part, trouve le discours “séducteur” des partenaires et l’éventualité d’une nouvelle constitution toujours en suspens.
Le discours tenu par le chef de l’Etat hier n’a pas manqué de commentaires venant de ses adversaires de l’opposition. Le Président du Bloc Libéral, dit avoir compris cette sortie d’Alpha Condé sous deux aspects à savoir : son long séjour au pays de l’oncle Sam pour susciter une belle vision des partenaires sur la gestion du pays et son suspens sur une éventualité de changement constitutionnel.
« Nous avons écouté la sortie du président. Pour comprendre la sortie, nous l’avons situé dans son contexte. Le contexte, c’est que le président est en route pour les Etats-Unis où il sera au contact de beaucoup de leaders du monde y compris le président Américain et les autorités américaines. L’Amérique comme la France, l’Angleterre et autres, ces pays ont été toujours à nos côtés dans notre projet de construction de la démocratie et d’un Etat de droit.
Ces pays-là constatent aujourd’hui que la démocratie en guinée est en panne. Les élections législatives n’ont pas eu lieu à date, nous sommes dans les élections locales qui ne finissent pas. Il s’attend à des questions. Ce discours donc qui invite le gouvernement à soutenir la CENI pour l’organisation des élections législatives en 2019, nous rappelle l’annonce de Louceny Camara en 2011, quand le président s’apprêtait à aller aux Etats Unis, il avait annoncé la date du 29 décembre comme date des élections législatives qui n’ont eu lieu que deux ans plus tard en 2013. Donc, c’est un peu la première compréhension que nous avons de ce discours.
L’autre est que le Président de la république, continue de garder le suspens par rapport au débat créé par son camp, celui d’une nouvelle constitution ou celui du troisième mandat. L’appel du premier ministre aux consultations, le même premier ministre s’est déjà prononcé au nom de son gouvernement », analyse le Président du Bloc Libéral.
Poursuivant, Faya Millimono ne trouve pas de compatibilité entre le message du chef de l’Etat et les réalités sociopolitiques de la nation. Il pense que celui-ci devrait plutôt se prononcer sur le quotidien du guinéen.
« Tout cela est de la cacophonie. En tout cas nous sommes restés sur nos fins. On s’attendait à des mesures aujourd’hui, on n’a pas de route, les marchés de gré à gré qu’on a donné, ont montré leurs conséquences. Les gens ont mis la peinture noire sur des voies pour dire qu’on a goudronné. Deux semaines de pluies c’est suffisant pour montrer qu’on n’a pas de routes. Le président devait se prononcer sur ces questions-là. Des questions de santé publique, rien de tout cela n’a été dit. Quel espoir compte-t-il donner aux guinéens et à sa jeunesse ? Aucun des problèmes auxquels le peuple de guinée est confronté, n’est vraiment pas abordé », a-t-il ajouté.
S’agissant de la tenue des législatives en fin 2019, le Bloc Libéral à travers son président, ne trouve pas de nécessité pour l’ouverture d’un dialogue comme instruit par le président car, pour lui, les préalables allant à ces échéances électorales ne sont pas à la disposition de la CENI. D’où son incertitude pour la tenue des élections à date.
« Je ne crois pas qu’on a besoin de dialogue pour aller aux élections. Les lois ont été votées, appliquons les. Pour les élections, nous avons un audit qui a été fait du fichier électoral. L’audit a montré que nous n’avons pas de fichier aujourd’hui parce que la recommandation des auditeurs, c’est de demander que tous les électeurs reviennent devant les CARLES. Aujourd’hui, nous n’avons pas un opérateur. Si nous obtenons un opérateur, celui-là doit nous apporter ses kits. Les guinéens devraient être équipés, formés pour utiliser ces kits. Il faut aller à la révision du fichier électoral, rentrer les données, les traiter et faire un affichage, à moins que l’année 2019 ne deviennent élastique comme le mandat des députés. Il sera pratiquement impossible d’avoir les élections propres en 2019. Donc, ce n’est pas un débat au tour des élections, appliquons les lois et je crois que c’est ce qui est suffisant ». recommande-t-il.
A la question de savoir quelle sera la position du Bloc Libéral si un accord avantageux n’est pas obtenu? L’opposant ne souhaite pas mettre les charrues avant les bœufs.
« On ne spécule pas sur ce qui peut arriver quand on n’a même pas commencé. On est un parti qui mène un débat responsable et qui se donne comme mission première, de chercher à résoudre les problèmes de notre pays. Lorsque le débat dont on parle ou les consultations dont on parle seront lancés, on comprendra quel est le but recherché, comment le parti prendra la décision responsable par rapport à ce qui sera », nous a confié Dr Faya Millimono lors d’un entretien accordé à notre rédaction.
L’adresse du chef de l’Etat à la nation, semble édifier la lanterne des Guinéens. Mais au centre des compréhensions, les avis restent divergents. Chez la classe politique, l’ouverture du dialogue ordonné par le chef de l’Etat, connaitra-t-elle une avancée dans la résolution des différends politiques ? Les autres acteurs de la société seront-ils les bienvenus à ce rendez-vous ?
Mariam KANTE